Lamiaa Lachhab-Fournier, responsable SHECQ chez Alkion Marseille : « Les EPI représentent 70% de mon budget global. »


Lamiaa Lachhab-Fournier, responsable SHECQ chez Alkion Marseille : « Les EPI représentent 70% de mon budget global. »

Sa mission : protéger chaque jour quelques 150 personnes des risques chimiques et pétrochimiques. Lamiaa Lachhab-Fournier est responsable SHECQ (Sécurité, Hygiène, Environnement, Conformité réglementaire et Qualité) depuis plus de 4 ans chez Alkion Marseille, un site de stockage de produits chimiques et pétrochimiques liquides. Il est donc de sa responsabilité de trouver les équipements de protection individuelle les plus adaptés aux contraintes des collaborateurs et des visiteurs.

Après une plongée dans le fonctionnement et les règlementations de ce site hautement sensible, Lamiaa Lachhab-Fournier nous en dit davantage sur les risques rencontrés et le rôle essentiel des EPI pour la sécurité de chacun. 

Des incidents sur des sites sensibles comme le vôtre ont marqué les esprits ces 20 dernières années. On imagine que l’industrie chimique doit être soumise à beaucoup de réglementations en termes de sécurité… 

En effet, la plupart des réglementations qui chamboulent vraiment notre quotidien sont entrées en vigueur à la suite d’incidents à l’échelle nationale ou internationale. Comme la réglementation Seveso par exemple, qui a été mise en place après la catastrophe d’AZF à Toulouse en 2001, ou celle de l'incident de Lubrizol, en 2019 à Rouen. 

Tous ces accidents très médiatisés ont permis une vraie prise de conscience des risques pour les personnes travaillant sur ces sites, mais aussi pour les riverains. 

Par conséquent, les contraintes pour les sites industriels sont de plus en plus nombreuses. Les autorités mettent en place des arrêtés, des sanctions et des réglementations strictes afin de réguler et limiter au maximum les risques. 

Justement, de quels risques majeurs devez-vous protéger vos collaborateurs et les visiteurs sur le site d'Alkion Marseille ? Et comment procédez-vous ? 

Ici, le risque majeur, c’est le risque chimique. C’est-à-dire l'exposition aux produits, les émissions et les émanations. Le deuxième risque serait celui de l'incendie ou de l'explosion, en cas d’incident ou accident sur le processus intégrant des produits dangereux. 

Le groupe Alkion a défini une politique Hygiène Sécurité et Environnement (HSE) commune à tous les sites. Cette politique nous impose notamment de porter les EPI adéquats en fonction de nos interventions. 

Mais nous partons du principe que l'EPI est la dernière étape dans la protection de chacun. Notre rôle est avant tout de nous assurer de la bonne mise à disposition et de l’entretien des installations qui nous entourent. Pour cela, nous faisons chaque année une veille technologique et comptons beaucoup sur le partage d'expérience entre sites industriels. Nous faisons le maximum en fonction des connaissances technologiques, scientifiques et économiques actuelles. 

Nous notons toutefois que la plupart des accidents qui interviennent sur notre site sont consécutifs à l’oubli ou le mauvais port d'EPI. L'ensemble des consignes est ainsi rappelé dès l’entrée sur le site et nous avons même installé un mannequin équipé d’EPI pour aider les visiteurs à bien se protéger et ne rien oublier ! 

« Qu’il s’agisse de la direction, des intervenants extérieurs ou du personnel : tout le monde porte un EPI »

Quels sont les EPI indispensables à toute personne pénétrant sur votre site ? 

Qu’il s’agisse de la direction, des intervenants extérieurs ou du personnel, on retrouve systématiquement des vêtements adaptés à une zone ATEX, des chaussures de sécurité, un casque, des lunettes et des gants. C’est indispensable car ici, toutes les zones accessibles présentent des risques, que ce soit la chute d'objets ou l'exposition à des produits. Le stockage de produits inflammables engendre également des risques supplémentaires. L'objectif de cet uniforme de travail : assurer la sécurité des personnes circulant dans ces zones à risques. 

Nous avons ensuite des équipements pour des manipulations plus spécifiques, comme des combinaisons antiacides, des lunettes plus étanches que les lunettes de sécurité standards et des gants antiacides. Pour les produits toxiques, dont les émanations sont néfastes pour la santé, nous exigeons aussi le port de masques respiratoires adaptés. 

« Les EPI sont d’abord portés par des employés volontaires avant d'être validés et généralisés. »

Comment s’opère la sélection des EPI sur votre site ? Quels sont les critères essentiels ? 

Nous procédons d’abord à un appel d’offre auprès de nos fournisseurs. Nous sommes évidemment attentifs à la certification des produits et au bon respect des normes en vigueur. Nous regardons ensuite la résistance et le confort des produits. Il ne faut pas oublier qu'une personne va porter l'équipement en moyenne 7 heures dans la journée, tout en travaillant, en s’accroupissant, parfois avec le port de matériel, des déplacements, etc. Il faut pouvoir rendre le quotidien des collaborateurs plus aisé malgré les contraintes du secteur. 

La matière utilisée, sa composition et son grammage restent des éléments importants dans notre choix, notamment dans une région comme la nôtre où il peut faire très chaud ! Nous partons du principe qu'il n'y a pas de compromis : l'EPI reste indispensable quelle que soit la température. Nous mettons alors en place des mesures compensatoires, comme la régulation des horaires de travail pour les travaux pénibles, l'augmentation des pauses, la distribution d'eau, etc. 

Une fois les EPI choisis, ils sont portés par des employés volontaires avant d'être présentés aux représentants des salariés. Une fois validés, les EPI sont alors généralisés. Ce sont des choix cruciaux car les EPI représentent tout de même 70% de mon budget global. 

« Nous n'avons pas le droit à l'erreur : sur un site comme le nôtre, dégâts, effets et responsabilités sont décuplés. » 

Est-ce que ces règles de sécurité, ces équipements, qui peuvent parfois paraître contraignants, sont bien accueillis par tout le monde ?

En général, les employés ont parfaitement conscience de l'importance des normes et des EPI. C'est une habitude, cela fait partie de la routine. Certains ont même déjà vu ou vécu des incidents, donc ils comprennent les enjeux de ces obligations. Les collègues n'hésitent pas à se rappeler entre eux de bien porter leurs EPI. C'est une bonne chose, cela veut dire que le message est bien ancré dans les esprits. 

Finalement, on est presque plus en sécurité sur votre site qu’à la maison… 

Eh oui ! Vous savez, il y a finalement beaucoup plus d'accidents domestiques que sur le lieu de travail. Quand un particulier décide de couper un arbre, il peut ne pas porter de visière, de gants, etc. Chez nous, pour couper un arbre, il faudrait un permis, une analyse de risque et des EPI ! Nous partons du principe que nous n'avons pas le droit à l'erreur dans la mesure où dégâts, effets et responsabilités sont décuplés. 

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